Nous menons actuellement une recherche qui consiste à étudier les représentations (Berger et Luckmann, 1966; Jodelet, 1988, ) que les étudiants inscrits dans un programme de formation à l’enseignement se font de leur future profession. Le corpus documentaire est constitué de travaux de fin de session dans lesquels les étudiants devaient, entre autres, dialoguer avec un penseur de la tradition éducative afin de définir leur propre conception de l’enseignement et leur propre identité professionnelle. Nos premiers résultats révèlent que de nombreux étudiants s’approprient les idées du passé en les amalgamant à des idées du présent ou de la culture contemporaine, ce qui peut mener à des distorsions importantes. Notre but consiste à présenter les principaux procédés d’appropriation des idées du passé par les étudiants. Suivra une réflexion sur le rôle du professeur que nous situerons dans un possible continuum où l’on retrouverait, à une extrémité, « une » interprétation canonique des idées du passé et à une autre extrémité, un pluralisme interprétatif nourri des préoccupations immédiates et subjectives des étudiants. Quelles seraient alors les conditions d’une interprétation robuste (Ricoeur, 2008; Simard, 2016) qui éviterait la rigidité de la première posture, mais qui éviterait également de tomber dans le piège d’une herméneutique sans structure?